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Continuer la lectureLe journal Les Échos réfléchit à l’arrêt de son édition papier
La direction du quotidien économique a présenté à son propriétaire LVMH une étude sur l’intérêt de passer au tout numérique. Deux scénarios ont été présentés.

C’est peut-être le début d’un grand chambardement. Brisant un tabou, la direction du quotidien économique Les Échos vient de mener une étude interne sur les conséquences qu’aurait un arrêt de l’édition papier, a appris l’Informé. Une enquête dont l’ensemble des résultats a été dévoilé à l’actionnaire du titre, LVMH.
Deux simulations ont été effectuées pour évaluer l’impact d’un tel arrêt s’il était mis en oeuvre dès cette année ou en 2028 sur les deux sources de revenus du quotidien : la vente du journal aux lecteurs et la publicité. « Le groupe a mené, à la demande du Conseil de surveillance, une étude qui a simplement confirmé qu’en l’état, l’arrêt du papier n’était pas une option », indique à l’Informé Pierre Louette, le PDG des Échos - le Parisien, sans vouloir se prononcer pour 2028. Pour mémoire, ce conseil de surveillance est actuellement constitué du directeur de la rédaction Christophe Jakubyszyn, de trois membres indépendants (Mathieu Gallet, Alice Antheaume et Nicolas Molfessis) et des représentants de LVMH (dont Antoine Arnault et Nicolas Bazire).

Selon l’étude, la suppression de l’édition imprimée dès cette année ferait disparaître près d’un quart des ventes. Car, bien que la diffusion print soit en baisse (-7,49 % sur un an à fin novembre 2024), Les Échos enregistrent encore plus de 20 900 abonnements papier (et 4 200 ventes en kiosque par jour), contre 83 500 en numérique, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. Surtout, la fin du journal physique en 2025 pèserait lourdement sur les recettes publicitaires : selon plusieurs sources, l’édition imprimée capterait encore la moitié des dépenses des annonceurs, notamment grâce au magazine du week-end. Résultat, le manque à gagner ne serait pas aujourd’hui compensé par les économies réalisées sur les coûts de fabrication et de distribution du journal. Et la seule publicité sur le Web (bannières, vidéo…) serait loin de pallier cette perte. Le titre s’enfoncerait donc dans le rouge en creusant ses pertes opérationnelles, qui s’élevaient déjà à près de 3 millions d’euros en 2024.
Impossible donc de basculer vers le tout numérique tout de suite. Mais la réorganisation (sujet de vives tensions internes) mise en place par le nouveau directeur de la rédaction, Christophe Jakubyszyn, va déjà dans ce sens puisque les journalistes écrivent des articles sans savoir nécessairement sur quels supports ils seront publiés.
Reste donc la deuxième simulation étudiée cette fois pour 2028, quand la diffusion papier se sera davantage érodée. À cet horizon, l’abandon du print permettrait, cette fois, de réduire fortement les pertes. Mais encore faut-il que la publicité perdue lors de cette transition se reporte totalement sur le numérique. À ce jour, elle rapporte beaucoup moins sur le Web et encore moins sur mobile.
Une nouvelle administratrice aux Échos
Cécile Cabanis vient d’être nommée au conseil de surveillance des Échos en remplacement de Jean-Jacques Guiony. La directrice financière adjointe de LVMH prendra la succession de ce même Guiony au 1er février comme directrice financière du groupe de luxe. Elle a déjà une expérience dans la presse écrite puisqu’elle a siégé au conseil de surveillance de la Société éditrice du Monde jusqu’à fin juillet dernier. Elle est par ailleurs présente au board de la société de production Mediawan.