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Continuer la lectureLa liste des prétendants à la direction de Sciences Po Paris s’allonge
Plusieurs noms d’anciens ministres émergent pour succéder à Mathias Vicherat, démissionnaire après son renvoi en correctionnelle pour violences conjugales.

Une étudiante juive empêchée d’accéder à une conférence pro palestinienne, un directeur contraint à la démission suite à une plainte pour violences conjugales, une visite surprise du Premier Ministre lors d’un conseil d’administration jugée fort inopportune… Après des semaines de crise, le prochain dirigeant de Sciences Po Paris, nommé en remplacement de Mathias Vicherat forcé au départ, aura fort à faire pour ramener de la sérénité dans l’établissement. Un intérim est attendu dans les prochains jours. L’ex-ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, aujourd’hui professeur de droit public à Paris II-Assas, a été sollicité par plusieurs membres du conseil d’administration pour mener une transition délicate avec la nouvelle direction. Interrogé par l’Informé, celui-ci assure avoir « décliné » la proposition. « Il avait fait de la défense des valeurs républicaines un des piliers de sa candidature à la tête de l’école en 2013 (face à Frédéric Mion, ndlr), indique un proche. Mais il n’a plus l’intention de retourner aujourd’hui dans ce chaudron-là. »
Au-delà de l’intérim, plusieurs personnalités se positionnent déjà pour la direction de l’institution de la rue Saint-Guillaume. Parmi elles, figure Aurélien Rousseau, ex-ministre de la santé et de la prévention comme l’a dévoilé la Tribune Dimanche. Il avait démissionné de son poste en fin d’année dernière afin de marquer son désaccord sur le vote de la très controversée loi immigration. Ce conseiller d’État connaît bien Sciences Po pour y avoir donné des cours en droit de la ville de 2017 à 2020. Il doit aussi ouvrir le prochain cycle de conférences « Les tribunes de la santé » prévu à partir du mois d’avril. « Il est trop tôt pour savoir si je pourrais correspondre au profil recherché, indique-t-il à l’Informé. On n’est donc pas du tout à l’heure d’une candidature. »
Selon nos informations, une autre ancienne ministre, issue du gouvernement de François Hollande cette fois-ci, serait aussi motivée : la présidente de l’association France Terre d’Asile, Najat Vallaud-Belkacem, pense à se positionner. Contactée, elle « n’infirme, ni ne confirme » une candidature. Diplômée de l’établissement, elle est aussi codirectrice du Certificat égalité femmes hommes et politiques publiques au sein de l’école. « Elle a ses chances », souligne un responsable de l’école.
D’autres noms circulent également comme ceux de Rima Abdul Malak, ex-ministre de la culture et de Clément Beaune, ancien ministre des transports et actuel député de Paris. Contactée, la première indique n’être ni prétendante, ni candidate tandis que Clément Beaune n’a pas répondu à nos sollicitations. Mais l’Élysée ne serait guère favorable à voir un député de la majorité abandonner son fauteuil.
Une chose est sûre, l’exécutif veut peser de tout son poids sur cette nomination pour reprendre la main sur les équipes de Sciences Po. Mais « il n’est pas certain que les professeurs aient envie de voir un nouveau haut fonctionnaire à la tête de l’école après le destin des trois précédents dirigeants, analyse un connaisseur. Sans doute, préféreront-ils un profil plus académique. » Après la venue surprise de Gabriel Attal lors du conseil d’administration du 13 mars, perçue en interne comme une violation de l’indépendance de l’enseignement supérieur, il n’est pas certain qu’un candidat issu du gouvernement soit vu d’un bon œil. Le profil de la chercheuse Jeanne Lazarus, directrice de recherche au CNRS et doyenne du collège universitaire de Sciences Po, pourrait donc davantage les séduire.
Dans tous les cas, la sélection passera par une commission et une procédure d’appel public à candidatures sera lancée le 2 mai et les auditions des candidats jugés sérieux débuteront le 6 septembre. Le nom du postulant retenu sera soumis aux votes du conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et du conseil de Sciences Po Paris. La dernière fois, il avait fallu plus de neuf mois (de février à novembre 2021) pour trouver un successeur à Frédéric Mion, parti pour ne pas avoir agi suite aux accusations à caractère sexuel proférées contre Olivier Duhamel, alors président de la FNSP. « L’école est très endettée et compte de plus en plus sur les dons pour vivre, explique un membre de l’institution. Dans ces conditions, le processus de nomination doit absolument être plus rapide que la dernière fois ».