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Continuer la lectureDAZN très mal embarquée pour produire la future chaîne de la Ligue 1
La plateforme a fait une proposition financière à la Ligue de football professionnel pour l’aider à créer son canal. Mais ses chances de succès sont « très improbables » en raison de l’hostilité de nombreux présidents de clubs.

DAZN ne veut pas jeter l’éponge. La plateforme, qui vient de rompre prématurément son contrat de diffusion de la Ligue 1 après seulement une petite saison, a fait une nouvelle proposition à la Ligue de football professionnel (LFP). Détenue par le milliardaire Len Blavatnik (au travers de son fonds Access Industries), elle a proposé ce mercredi de mettre 111 millions d’euros sur la table sur deux ans pour produire la future chaîne de télévision de la LFP et d’y apporter son portefeuille de plus de 600 000 abonnés. En retour, « DAZN demande un pourcentage du chiffre d’affaires au-delà d’un certain seuil en cours de négociation ou le versement d’une indemnité », indique une source proche du dossier. La plateforme, si elle est retenue, deviendrait donc prestataire de services auprès de la LFP, sous marque blanche. Puis elle commercialiserait ensuite la chaîne dans son offre, car DAZN ne souhaite pas quitter le marché français (il diffuse également le championnat de France de basket-ball, Betclic Elite). Ce dernier point fait également partie des négociations en cours.
Problème : DAZN est aujourd’hui largement persona non grata dans le foot français. « Leur proposition n’est pas totalement écartée, mais plusieurs patrons de clubs ne veulent plus d’eux, poursuit un acteur des négociations. Ses chances de succès sont très improbables ». Si le tout-puissant président du PSG Nasser al-Khelaïfi - en conflit d’intérêts puisqu’il dirige aussi beIN Sports - reste logiquement en retrait, plusieurs de ses confrères ont fait part de leur opposition frontale à l’offre de DAZN. Notamment Joseph Oughourlian (Lens) et Waldemar Kita (Nantes).
Leur ressentiment est lié à la décision de DAZN de suspendre, à plusieurs reprises, le paiement des droits. En février dernier, elle a versé seulement la moitié de l’échéance prévue. La raison ? Un démarrage très compliqué en France avec un prix élevé (29,99 à 39,90 euros par mois) suscitant la colère des fans et un niveau de piratage élevé des retransmssions. La société doit encore s’acquitter d’une dernière échéance de 70 millions d’euros à la fin juin, à laquelle s’ajoutent des indemnités de rupture (85 millions d’euros) si elle ne participe pas à la chaîne LFP Media. Pour les dirigeants de clubs, cette manne est nécessaire pour financer le lancement de la nouvelle chaîne (estimé à au moins 55 millions d’euros par an) : la plupart ayant des comptes dans le rouge, ils n’ont pas la capacité de décaisser un niveau de cash suffisant.
Piloté depuis peu par Nicolas de Tavernost, ancien patron de M6, le projet de chaîne de la Ligue doit permettre de relancer l’intérêt du public pour la Ligue 1 dès la reprise du championnat le 15 août prochain. Pour cela, il faudra un abonnement à un prix plus attractif que celui proposé par DAZN à son lancement, et miser sur une large diffusion. Sur ce point, le dirigeant a promis au micro de RMC un tarif inférieur à 20 euros par mois et une offre spéciale pour les jeunes.
Il faudra aussi atteindre une large diffusion. En l’espèce, deux options sont sur la table. « Il y a des discussions avec Canal+ les opérateurs télécoms avec leur box et Amazon, ajoute une source proche des discussions. Soit un seul distributeur exclusif sera choisi contre le versement d’un important minimum garanti, soit on assistera à une distribution auprès de tout le monde. La décision interviendra à la fin du mois ». Selon L’Équipe, la chaîne cryptée a fait une proposition pour être le diffuseur exclusif, mais n’a pas formulé le montant qu’elle est prête à payer pour cette exclusivité, laissant le soin à la LFP de lui faire une proposition.
La Ligue souhaite renouer avec la filiale du groupe Vivendi, longtemps diffuseur et partenaire privilégié du football français. Et l’ancien patron de M6 entretient de très bons rapports avec Maxime Saada, le dirigeant de Canal+ « Nicolas de Tavernost est un bon moyen de me faire revenir sur le sujet de la Ligue 1 », avait-il indiqué auprès de L’Équipe en avril dernier.
Contacté, DAZN n’a pas souhaité faire de commentaire.