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Continuer la lectureCe que le succès d’Un p’tit truc en plus va rapporter à Artus
Rémunéré comme comédien, scénariste et réalisateur du film phénomène de cette année, l’humoriste perçoit surtout un bonus sur chaque ticket vendu.

C’est la surprise ciné de l’année : le succès inattendu d’Un p’tit truc en plus. L’engouement pour cette comédie est tel qu’elle a dépassé le blockbuster américain Dune 2 au box-office français et s’impose comme la plus grosse performance tricolore depuis le Covid. Sortie le 1er mai, elle a attiré plus de 5,6 millions de spectateurs en salles à ce jour. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, l’humoriste Artus a de quoi se réjouir, même s’il a reconnu dans l’émission Quelle Époque avoir « galéré à le monter ce film » sur le handicap. Sensible à ce sujet, le parrain de Handicap International a même annoncé sur TF1 vouloir créer un centre avec l’argent récolté, « où des handis et des valides passeraient des vacances ensemble, dans des lieux adaptés, beaux, avec de beaux designs, de la belle déco où ils se sentent bien et où tout est adapté » .
Mais pour l’instant, l’acteur du Bureau des Légendes n’a pas encore décroché le jackpot avec cette production dotée d’un budget de 6,7 millions d’euros. Selon les calculs de l’Informé, il a touché environ 570 000 euros pour le succès de l’année (hors ventes ou remakes à l’étranger).

Comme comédien, il n’a pas perçu grand-chose : lui et les autres rôles principaux (Clovis Cornillac et Alice Belaïdi) se sont partagé à peine 100 000 euros. En complément, Artus a reçu 50 000 euros en tant que scénariste et 95 000 euros comme réalisateur. À cela s’ajoute un faible pourcentage de 0,5 % sur chaque ticket vendu (moitié comme auteur, moitié comme réalisateur). Toutefois, une fois le film amorti, cet intéressement grimpe à 4 %. Or, avec plus de 5,6 millions d’entrées, le long-métrage est d’ores et déjà amorti [1]. À ce jour, ce pourcentage lui a rapporté environ 425 000 euros, selon nos calculs.
Mais Un p’tit truc en plus n’a pas encore tout donné. « Il est bien parti pour réaliser plus de 9 millions d’entrées, estime un professionnel du secteur. D’ores et déjà, des spectateurs l’ont vu plusieurs fois, ce qui est un très bon signe. Et comme il s’agit d’un feel good movie (un film qui fait du bien), les chaînes de télévision vont le diffuser et le rediffuser dans les années à venir. » Si la barre des 9 millions d’entrées était effectivement franchie, Artus toucherait alors beaucoup plus d’argent : près d’un million d’euros, selon nos estimations.
Et ce n’est pas tout. Notre homme percevra aussi 0,5 % des entrées à l’étranger, ou 1 % des recettes nettes part producteur [2]. Vendu par Other Angle Pictures, le film est déjà sorti en Belgique, en Suisse et au Québec, et a également été acheté en Espagne par Columbia, et en Italie par Tarak ben Ammar. Ce dernier indique avoir aussi acquis les droits pour tourner un remake transalpin. Cela permettra à Artus d’empocher un chèque supplémentaire, s’élevant à 10 % des sommes encaissées.
Contacté, l’agent d’Artus n’a pas répondu à nos sollicitations.

Le pari gagnant de M6, Canal+ et Laurent Wauquiez
Même si le financement d’Un p’tit truc en plus a été compliqué, son budget de 6,7 millions d’euros le situe au-dessus de la moyenne d’une production française, à 4,8 millions d’euros en 2023 selon les données du CNC (Centre national du cinéma). Son réalisateur Artus et ses producteurs ont pu compter sur le soutien de M6 et de Canal+, qui ont apporté 3,12 millions d’euros à eux seuls (1,62 million d’euros pour le premier et 1,5 million pour le second).
Le film a aussi bénéficié de subventions publiques. Via son fonds de soutien, le CNC a alloué 869 000 euros au total, soit 13 % du budget.
Enfin, le long métrage a obtenu 270 000 euros d’Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, une structure détenue par la région (33 %), les Caisses d’Épargne Rhône-Alpes (33,42 %) et BpiFrance (33,42 %). Cette société à but lucratif est financée par des subventions du conseil régional, à hauteur de 3 millions d’euros par an. Originalité : elle soutient les films en tant que coproducteur et non via des subventions comme les autres collectivités locales. Ce montage lui permet d’être intéressée aux entrées en salles. Selon le contrat consulté par l’Informé, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma touchera entre 5 % et 15 % des recettes nettes part producteur.
[1] nous avons estimé que le film était amorti lorsque son budget (6,17 millions d’euros) était recoupé par les reversements effectués par les salles (reversements estimés à la moitié du produit des entrées HT). Selon cette estimation, le film est amorti à partir de 2,2 millions d’entrées
[2] argent qui reste après tous les reversements aux exploitants de salles, aux distributeurs, aux coproducteurs…