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Continuer la lectureVilla Alang Alang : à Cannes, les dessous d’une vente à 40 millions d’euros
Cette demeure qui a vu passer Sting, Beyoncé et les stars du festival a connu une histoire très mouvementée depuis son rachat en 2005.

Mis à jour le 27 mars : aucun acheteur ne s’est manifesté lors de la vente aux enchères de la Villa Alang Alang qui a eu lieu ce jeudi 27 mars au tribunal judiciaire de Grasse. Le bien saisi revient donc à son principal créancier la banque Barclays. Une période de surenchère de 10 jours reste toutefois légalement ouverte pour permettre à acquéreur de se manifester.
C’est l’une des propriétés les plus spectaculaires de Cannes. Perchée au sommet du très chic quartier de la Californie, la villa Alang Alang a accueilli ces dernières années des personnalités aussi célèbres que Sting ou Beyoncé. Cette bâtisse de 1 300 mètres carrés répartis sur trois niveaux, avec piscines, sauna, cinéma, bassin à poissons a aussi été régulièrement sollicitée durant le festival du film. Mais pour son propriétaire, Oliver Morley - un promoteur issu de Manchester -, la fête a tourné au vinaigre. Suite à la saisie de la banque Barclays, qui lui réclame près de 29 millions d’euros d’impayés, cette maison hors norme s’apprête à être vendue aux enchères publiques ce 27 mars au tribunal judiciaire de Grasse. Mise à prix : 40 millions d’euros. Une vente exceptionnelle pour un pied-à-terre à l’histoire tout aussi peu commune, d’après différents agents immobiliers locaux que nous avons interrogés.
Retour 20 ans en arrière. C’est en 2005 que le promoteur anglais met la main sur la fameuse bâtisse cannoise. À l’époque, celui-ci l’arrache pour la « modique » somme de 4,6 millions d’euros à la société Wisuk finance, un marchand de biens luxembourgeois. Il faut dire que la villa - qui ne porte pas encore le nom « Alang Alang » - n’a rien de son allure d’aujourd’hui. Il ne s’agit alors que d’une vaste carcasse en béton, dont le chantier aux quatre vents a été interrompu au beau milieu des années 90.
Longtemps bloqué pour des soucis de permis de construire, son précédent propriétaire, Emad Khashoggi, entrepreneur français héritier de la célèbre dynastie saoudienne éponyme, - notamment connue pour son oncle Adnan Khashoggi, grand intermédiaire entre les marchands d’armes américains et régimes pétroliers dans les années 70 -, avait décidé de s’en séparer quelques années plus tôt. « Pour Khashoggi, le projet était devenu d’autant plus lourd à porter qu’il était en train de financer un autre chantier tout aussi tentaculaire, avec la réplique d’un palais vénitien sur la colline de la Croix-des-Gardes », note un expert immobilier, bon connaisseur du dossier. Un palais vénitien qui est aussi proposé à la vente pour 120 millions d’euros depuis quelques années.
Une villa louée 200 000 euros la semaine
Mais revenons donc à la fameuse « Alang Alang ». Une fois propriétaire, Oliver Morlay se lance à son tour dans des travaux pharaoniques afin de transformer les lieux en une villa de luxe qui pourrait être proposée à la location. Une entreprise un temps couronnée de succès… Durant plusieurs années, l’habitation confiée à des agences de prestige (Beauchamp Estate, Riviera Luxury Rentals…) est louée à la semaine pour des loyers à six chiffres. « Dernièrement, la propriété pouvait encore être proposée 200 000 euros la semaine », confie-t-on chez Riviera Luxury Rentals, en charge de la gestion.
Las, bien loin de la Côte d’Azur, le promoteur anglais commence toutefois, sur cette même période, à faire face à d’importants problèmes financiers qui mettent en difficulté ses affaires. Au tournant des années 2010, la Royal Bank of Scotland aurait ainsi commencé à lui saisir une grande partie de ses actifs pour un prêt de 75 millions de livres qu’il avait du mal à rembourser, rapporte la presse anglaise. Outre-Manche, l’affaire donne lieu à un procès pour lequel Oliver Molay a jusqu’ici été débouté.
Avant même que la maison Allang Allang soit à son tour saisie en 2022, ce dernier tente donc de la mettre en vente. D’après l’agence de luxe Knight Frank, alors mandatée pour trouver un acheteur, la villa est initialement proposée à 85 millions d’euros. Trop chère aux dires des agents locaux, son prix ne cesse ensuite de baisser pour tomber à 45 millions d’euros en fin d’année dernière. Sur le marché cannois, il se murmure même que le propriétaire, trop gourmand, aurait un temps refusé une offre sérieuse autour de 60 millions d’euros. De quoi sans doute s’en mordre les doigts aujourd’hui.
Contacté par l’intermédiaire de la société Riviera Luxury Rentals et de l’agence Knight Frank, Oliver Morley nous a fait savoir qu’il ne ferait aucun commentaire. Le cabinet d’avocats de Renaud Essner, représentant du créancier Barclays Bank n’a pas souhaité nous répondre.