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Continuer la lectureSous pression financière, Emeria (Foncia) veut vendre Assurimo, son courtier en assurance
Le groupe immobilier contrôlé par Partners Group et TA Associates cherche à retrouver des capacités d’investissement en se séparant d’activités jugées moins stratégiques.

Le mois dernier, Emeria annonçait se séparer de son éditeur de logiciel Seiitra, au profit d’Orisha. Une cession de petite taille pour le numéro 1 français de la gestion locative, de copropriétés et de la location de biens en France, qui n’était toutefois qu’un début. Selon nos informations, il prépare cette fois-ci la vente de son courtier en assurance Assurimo. Pour mener à bien ce projet, le groupe détenant Foncia, dont le patron Philippe Salle a récemment quitté le navire pour rejoindre Atos, s’est entouré de la banque d’affaires Cambon Partners, a appris l’Informé.
Créé en 1991, Assurimo propose des assurances habitation, immeuble et propriétaire non occupant, des protections juridiques, ainsi qu’une assurance dommages-ouvrage (indispensable aux promoteurs). Il emploie une grosse centaine de collaborateurs sur ses sites parisien et lyonnais et travaille avec la plupart des grandes compagnies d’assurances, dont Axa, Generali, Allianz, MMA, SwissLife et Zurich. Selon nos sources, son Ebitda avoisinerait 20 millions d’euros. « Assurimo a longtemps été considéré comme l’un des joyaux de Foncia. Mais Partners Group a une vision assez pragmatique et pousse pour une gestion dynamique des activités du groupe », constate un fin connaisseur du marché.
Un joyaux d’ailleurs très intégré à maison-mère, puisqu’il lui doit une très large partie de son flux d’affaires. Un atout étant donné la croissance importante d’Emeria, dont l’Ebitda avoisine aujourd’hui 350 millions d’euros grâce aux multiples acquisitions menées chaque année. Mais un potentiel problème si la croissance d’Emeria venait à s’essouffler. De facto, le prochain propriétaire d’Assurimo devrait selon toute vraisemblance obtenir un partenariat commercial avec Emeria, tout en ayant la capacité de faire croître l’actif en dehors de son ancienne maison-mère.
Le processus de cession d’Assurimo devrait formellement démarrer dans les prochaines semaines pour aboutir, ou non, d’ici l’été. L’opération intervient à un moment où les finances d’Emeria sont sous pression. Selon S&P Global, l’endettement du groupe atteignait 13,5 fois son Ebitda en 2024, dans un secteur où les valorisations avoisinent en général 12 fois cet agrégat. Il pourrait retomber à un multiple de 10 cette année mais le « flux de trésorerie d’exploitation libre après les paiements de loyers reste négatif plus longtemps que nous l’avions précédemment anticipé », note l’agence de notation. Selon nos informations, Emeria brûle près de 150 millions d’euros par an depuis 2022, en mettant de côté les capex liés aux opérations de M&A - au centre du modèle de croissance du groupe. Une source d’inquiétude pour Partners Group, propriétaire d’Emeria depuis 2016, qui a réinvesti il y a quatre ans à l’occasion de l’entrée de TA Associates (ce dernier ayant pris une participation de 25 % pour 600 millions d’euros).
« La vente d’Assurimo pourrait permettre au groupe d’éviter une potentielle crise de liquidité à court terme », estime un banquier. À ce stade, nul ne sait combien rapportera l’actif à sa maison mère, mais celle-ci se basera certainement sur la précédente transaction d’ampleur sur le marché tricolore, qui portait sur Odealim. Ce gros spécialiste de l’assurance immobilière avait fait l’objet d’une prise de contrôle conjointe entre Ardian et TA Associates en juin 2022 sur la base d’une valorisation de près d’un milliard d’euros, correspondant à un multiple de 17 fois l’Ebitda. Un tel multiple amènerait le deal Assurimo au-delà de 300 millions d’euros. Pour nombre d’observateurs, Odealim devrait d’ailleurs logiquement être candidat au rachat d’Assurimo, aux côtés d’autres grands groupes internationaux de courtage intéressés par un acteur bien ancré dans l’Hexagone.