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Continuer la lectureRéside Etudes Seniors : les dépôts de garantie de 5 000 retraités en danger
Le tribunal de commerce de Paris se prononcera le 7 octobre sur l’avenir des résidences seniors en redressement judiciaire. Dans l’affaire, les locataires du parc pourraient aussi perdre les fonds qu’ils avaient versés à leur arrivée.

La tension monte chez Réside Etudes Seniors (RES). Ce lundi, le tribunal de commerce de Paris devra trancher sur l’avenir du numéro 2 tricolore des résidences seniors, en redressement judiciaire depuis juin. Décidera-t-il d’une liquidation judiciaire, au moins partielle ? La menace est bien réelle depuis qu’Altarea - le seul candidat qui s’était dit prêt à prendre sous son aile les 73 établissements de RES - a décidé de retirer son offre mi-septembre, comme l’avait révélé l’Informé.

Les autres repreneurs ne ciblent chacun qu’une poignée de centres. Ils avaient jusqu’au mercredi 2 octobre pour remettre leurs offres définitives. Les quelque 5 000 locataires du parc sont donc actuellement dans l’incertitude la plus complète, et redoutent même de se retrouver à la rue. La situation est tellement critique que beaucoup se demandent même… s’ils récupéreront les dépôts de garantie qu’ils avaient versés à leur entrée dans leur résidence.
Des dépôts de garantie non séquestrés par Réside Etudes
Selon nos informations, le flou est en effet total autour de ce qu’il adviendra de 8,1 millions d’euros payés par les locataires à leur arrivée. Un joli pactole qui représente, par exemple, entre 1 800 et 3 000 euros pour le résident d’une ville comme Orléans. Le problème avait été pointé par Altarea au retrait de son offre. Ces dépôts de garantie « n’ont pas été conservés sur des comptes bancaires séparés et disponibles (contrairement aux pratiques d’Alta Delcassé et du marché à notre connaissance) », a indiqué le groupe dans un courrier motivant son retrait, que l’Informé a pu consulter. Les montants ont été, poursuit Altarea, consommés par Réside Etudes Seniors « afin de régler ses dépenses d’exploitation ».
Dans le même courrier, le promoteur soulevait par ailleurs la question du remboursement des sommes aux locataires dans le cas d’un départ. « Il n’est pas envisageable de ne pas restituer aux résidents ou à leur famille ce montant, même s’il pourrait être considéré comme une dette antérieure, de sorte qu’il devra être supporté par le repreneur », poursuivait Altarea. Réside Etudes Seniors n’est évidemment pas en position de faire face aux remboursements puisque, selon nos informations, l’entreprise afficherait une trésorerie négative au 30 septembre, à hauteur de 15 millions d’euros.
Les résidents seniors ne sont pas les seuls à s’inquiéter de cette situation : « Dans le cas où le tribunal de commerce venait à reporter sa décision au-delà du 7 octobre, il y a une vraie interrogation sur la capacité de RES à payer les loyers des semaines à venir à ses bailleurs », souligne un proche du dossier. Car l’entreprise facture à des personnes âgées des logements qu’elle loue elle-même aux quelque 5 000 propriétaires bailleurs des appartements - essentiellement des particuliers aux côtés d’institutionnels comme la Caisse des Dépôts.
Contacté, le groupe Résidences Études n’a pas voulu faire de commentaires sur ce sujet.
HIG s’intéresserait à l’ensemble du groupe
Si ses résidences seniors risquent une liquidation, le groupe Réside Etudes, dans son ensemble, aborde lui aussi une phase décisive. Également à la tête de résidences étudiantes et d’appart’hôtels, la société est depuis fin 2023 sous le coup d’une procédure de sauvegarde devant lui permettre de renégocier 400 millions d’euros de dette. Les administrateurs judiciaires Christophe Thevenot, Charles-Henri Carboni et Lou Fléchard devaient se voir remettre ces jours-ci les éléments du plan de sauvegarde préparés par l’entreprise de Philippe Nicolet. L’idée étant de transmettre ensuite les documents - au plus tard mi-octobre - aux créanciers, en vue de leur vote. Mais la préparation du plan a pris énormément de retard : les errements de l’entreprise autour de l’ouverture de la gouvernance à des dirigeants extérieurs n’ont rien arrangé, tout comme la valse de ses cabinets de conseils et les relations assez froides entre la direction et les administrateurs judiciaires. Révélée par l’Informé, l’hypothèse d’un adossement de Réside Etudes à Groupama Rhône-Alpes Auvergne semble patiner. La direction fait valoir des discussions avec d’autres investisseurs. Selon nos informations, le fonds américain HIG Capital s’intéresserait par exemple au dossier… Reste à savoir qui serait prêt à investir dans une entreprise engluée dans la renégociation de sa dette et dont le patron a pour l’instant montré qu’il était assez peu enclin à perdre le contrôle. « Le spectre d’une conversion de la sauvegarde en redressement judiciaire est bien réel, souffle un connaisseur du dossier. L’activité des résidences étudiantes et d’appart’hotels du groupe est cette année en croissance de 5 à 10 % par rapport à 2023, avec des cash-flows positifs. Mais il y a de fortes chances que cela ne suffise pas. »