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Continuer la lectureReprise de Réside Études : Altarea se retire, Groupama se positionne
Le promoteur renonce à reprendre les 72 résidences senior services en redressement judiciaire. Mais la caisse Rhône-Alpes Auvergne de l’assureur surgit avec un schéma alternatif.

Les coups de théâtre s’enchaînent chez Réside Études. Le promoteur-exploitant de résidences services (étudiantes, hôtelières et seniors) aux 500 millions d’euros de chiffre d’affaires est en mauvaise posture depuis des mois. Plombé par près de 400 millions d’euros de dettes, le groupe est sous le coup d’une procédure de sauvegarde depuis décembre 2023… En pertes, sa filiale de résidences seniors, Reside Études Seniors (RES) a même été placée en redressement judiciaire en juin dernier. Le tribunal de commerce de Paris devra trancher l’avenir de cette entité de 72 établissements et 150 millions d’euros de chiffre d’affaires - le numéro deux de son marché en France. Un seul repreneur, Altarea, s’était montré prêt à reprendre le tout, comme l’avait révélé Business Immo… Sauf que, selon plusieurs sources, le promoteur vient de retirer sa proposition.
Altarea avait fixé une dizaine de conditions suspensives à son offre. « Il fallait notamment que soit trouvé au préalable un accord avec les bailleurs des appartements des résidences pour une renégociation des loyers », explique un proche du dossier. La tâche était immense, puisqu’ils seraient 5 000 particuliers-investisseurs à être propriétaires d’appartements, aux côtés de quelques institutionnels - les noms de Swiss Life ou la Caisse des Dépôts sont évoqués.
Les 1 250 salariés et les milliers de locataires des résidences séniors du groupe Réside Études sont donc dans le flou le plus total. La date butoir de la remise des offres a été fixée au 7 octobre. Les six autres propositions de reprise se limitent toutes à quelques sites. Le mieux-disant est Aquarelia, un petit concurrent qui cible 21 résidences et 240 contrats de travail. L’homme d’affaires Jean-Marc Meignan, quant à lui, s’est allié avec l’enseigne Harmonia pour cibler onze établissements… Le groupe Renaissance, pour sa part, convoite six centres. « Le retrait de l’offre d’Altarea rend de plus en plus probable le scénario d’une liquidation judiciaire de RES, au moins partielle », résume un connaisseur du dossier.
Mais une autre solution est peut-être en train d’émerger. Selon plusieurs sources, le président fondateur de Réside Études, Philippe Nicolet, détenteur d’une large majorité du capital, a reçu une « marque d’intérêt » formelle de la caisse régionale Rhône-Alpes Auvergne de Groupama pour une reprise du groupe dans son intégralité. Conseillé ici par PwC, l’assureur mutualiste cible ainsi non seulement les résidences seniors, mais aussi l’activité de résidences étudiantes et celles d’appartements-hôtels, toutes deux rentables. Réside Etudes a fait savoir à l’Informé via un porte-parole qu’il « accueille très favorablement la marque d’intéret de Groupama et propose de rencontrer ses dirigeants dans les meilleurs délais »*. La solution de reprise de Groupama s’accompagnerait d’un plan de renégociation de la dette qui serait soumise au vote des créanciers pour sortir de la procédure de sauvegarde. La dette est principalement composée de 90 millions d’obligations Euro PP arrivant à échéance en février 2025, 60 millions de prêts et obligations hybrides long terme (PGE et TSDI) garanties par l’Etat, et environ 200 millions de prêts hypothécaires dans les filiales.
Le directeur général délégué révoqué
Mais Philippe Nicolet se montrera-t-il enfin prêt à lâcher la main ? Le fondateur de Réside Études semble assez peu enclin à partager le pouvoir. Selon nos informations, François Gauthey, qu’il avait nommé directeur général délégué début juillet, a été révoqué fin août. L’ex-numéro 2 d’Eurotunnel et dirigeant de la société autoroutière Sanef devait plancher sur un plan de sauvegarde, mais n’a pas pu avancer. L’un des fondateurs de Réside Études, Philippe Verlaine, aujourd’hui retraité, a lui aussi été remercié du conseil d’administration. « Le manque d’évolution dans la gouvernance est diversement apprécié par les créanciers », euphémise un intervenant. Et ce n’est pas tout. Messier & Associés, qui avait été réquisitionnée par Philippe Nicolet pour l’aider, ne travaille plus non plus sur le dossier : ses banquiers Jean-François Cizain et Marwan Lahoud auraient préféré rendre leur tablier en août. Reside Études a fait appel à un certain nombre de conseils depuis l’année dernière… et pas n’importe lesquels. Rothschild & Co et son associé-gérant Arnaud Joubert, mais aussi le cabinet d’avocats White & Case et sa star des restructurations Saam Golshani s’y étaient essayés, en vain, en décembre 2023. Delphine Caramalli, du cabinet d’avocat Clifford Chance, a ensuite hérité de l’affaire pour se faire finalement remplacer par August & Debouzy et un veteran des restructurations, Reinhard Damman. « Nous avons constaté que notre cabinet conseil Clifford Chance avait pris un retard non négligeable dans la négociation avec les créanciers et dans l’édification des plans de sauvegarde de nos filiales sous protection », a fait savoir via un courrier interne en date du 5 septembre Philippe Nicolet, pour justifier cette décision. Ce choix aurait, poursuit la lettre, suscité une forte opposition de la part de François Gauthey, laissant apparaître des divergences stratégiques « qui auraient pu à terme mettre en péril l’issue des négociations en cours ».
Interrogés, Altarea et Groupama Rhône-Alpes Auvergne n’ont pas donné suite aux sollicitations de l’Informé.
* Réaction de Réside Etudes communiquée à l’Informé le 20 septembre.