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Continuer la lectureLe Loulou Ramatuelle (groupe Barrière) en mauvaise passe sur la plage de Pampelonne
L’un des restaurants les plus chics de la presqu’île de Saint-Tropez est au cœur d’un imbroglio juridique inédit. Son premier permis de construire vient d’être définitivement annulé. Un autre est largement contesté.

La sentence a fini par tomber et elle promet de faire des remous sur le sable de Pampelonne. Dans une décision datée du 22 juillet dernier, dont l’Informé a pris connaissance, le Conseil d’État a rejeté le pourvoi du restaurant Loulou Ramatuelle - l’un des plus chics établissements sous concession de la célèbre plage du Var - qui contestait l’annulation de son permis de construire. Après deux ans de procédures, cette décision aussi sèche que rare ouvre désormais un grand point d’interrogation sur l’avenir de cette enseigne du groupe de restauration Loulou (voir encadré) qui est détenu à 52 % par l’hôtelier Barrière.
Pour comprendre cette saga judiciaire digne d’un épisode de Dallas, un petit retour en arrière s’impose. En 2018, suite à l’appel d’offres organisé par la commune de Ramatuelle pour le renouvellement des concessions de plage, cette enseigne appartenant à Loulou Groupe, fondé par Gilles Malafosse, décroche au prix fort - 800 000 euros de redevance par an ! - un tout nouvel emplacement non loin de l’ancien club-plage mythique La Voile Rouge. En février 2019, la ville accorde un permis de construire à l’établissement. Seule ombre sur ce tableau a priori idyllique : le permis délivré propose comme seule voie d’accès à l’établissement d’empiéter sur la parcelle voisine privée du restaurant Tamaris Plage. Ce contre quoi ses propriétaires Évelyne Desderi et Patrick Gasparini sont vent debout… faute d’accord avec la mairie.
Une première annulation du permis de construire en 2022
Avec l’appui de Vivre dans la presqu’île de Saint-Tropez (VPIST), une association engagée dans la protection des grands sites du littoral, les gérants du Tamaris décident même d’attaquer le permis de construire de leur illustre voisin devant le tribunal administratif de Toulon. Constatant effectivement l’absence d’accès à l’établissement, les juges annulent pour la première fois le permis du Loulou Ramatuelle en septembre 2022. Par la suite, un premier recours du restaurant est rejeté par la Cour d’appel de Marseille, puis un second est à nouveau réfuté par la plus haute juridiction administrative. Une décision qui vient donc éteindre tout espoir pour le plagiste d’obtenir gain de cause dans cette affaire.
Anticipant le scénario catastrophe qui se profilait, le Loulou Ramatuelle avait toutefois pris les devants en déposant un autre permis de construire dès 2023 pour créer un autre accès au restaurant. Mais là encore, la situation risque de ne pas tourner à son avantage. Depuis juillet dernier, ce nouveau permis est, en effet, aussi contesté par les mêmes protagonistes auprès du tribunal administratif de Toulon. Motif : « Cette nouvelle autorisation n’offre, cette fois-ci, pas d’autre possibilité d’accès que de passer le long du cordon dunaire, ce qui est interdit par le schéma d’aménagement de la plage de Pampelonne pour desservir un restaurant et qui vient d’être confirmé par le Conseil d’État dans sa dernière décision », pointe Patrick Gasparini, gérant du fonds de commerce du Tamaris Plage. « Cette dernière analyse rendue par la plus haute juridiction administrative a désormais toutes les chances d’être suivie par les juges pour obtenir l’annulation de ce second permis de construire », poursuit Thibault Soleilhac, conseil du requérant, avocat au cabinet Hélios Avocats.
Un projet d’aire de stationnement
Cet argument est toutefois contesté par la commune, selon qui le nouveau permis déposé par Loulou a, au contraire, pris soin de renvoyer la question de l’accès à son établissement et du stationnement de ses clients au schéma d’aménagement de plage de Pampelonne. Ce document d’urbanisme prévoit pour le coup la création d’une aire de parking à l’arrière du restaurant. Il n’empêche, ce nouveau scénario n’est pas forcément rassurant pour le Loulou Restaurant. De fait, la fameuse aire de stationnement que la mairie porte de ses vœux ne pourra - une fois de plus - se faire qu’avec l’accord des voisins de la fameuse parcelle privée du secteur Tamaris sur laquelle il est prévu d’empiéter assez largement…

Consciente des difficultés qui s’annoncent, la ville vient ainsi d’intenter une nouvelle action. Suite à une délibération municipale de décembre 2024, un arrêté préfectoral a été publié début juillet en vue d’ouvrir une enquête publique pour la requalification de l’espace du secteur Tamaris, a appris l’Informé. L’arrêté prévoit entre autres de procéder à des expropriations. « Après l’échec des négociations avec les propriétaires, expliquant notamment les difficultés d’accès au Loulou, la commune a effectivement confié à l’Établissement public foncier PACA le soin d’acquérir 3 500 mètres carrés de terrain sur cette propriété privée », justifie la mairie. Une procédure qui - si elle aboutit - promet à coup sûr de s’éterniser. « Nous ne nous laisserons pas faire, nous utiliserons tous les recours qui s’offrent à nous pour nous défendre », rétorque Patrick Gasparini qui souligne n’avoir, par ailleurs, aucune animosité envers les dirigeants de l’enseigne voisine. Voilà en tout cas les dirigeants du Loulou et leurs clients prévenus…
Contacté, Loulou Groupe n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette affaire.
Loulou, un groupe de 5 restaurants haut de gamme
Fin 2024, le groupe hôtelier et de casinos Barrière a pris une participation de 52 % dans Loulou Groupe. Les 48 % du capital restants sont répartis entre les fondateurs Gilles et Claire Malafosse, aux côtés de différents actionnaires dont l’investisseur Jean-Philippe Cartier et le producteur Pierre-Antoine Capton, par ailleurs président du groupe audiovisuel Mediawan. À date, le groupe de restauration compte 6 établissements : le Loulou Pirate de Roquebrune-Cap-Martin, le Loulou Courchevel, La Loulou Ramatuelle, ainsi que trois enseignes à Paris (Le LouLou du jardin des Tuileries, le Grand Café au Grand Palais, et le Ralph’s fraîchement ouvert au-dessus du magasin Ralph Lauren au 173, boulevard Saint-Germain).