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Continuer la lectureDettes remboursées, salaire augmenté… la nouvelle vie dorée d’Arnaud Lagardère
En vendant les parts de son groupe à Vivendi et en négociant de nouveaux émoluments, l’héritier s’est assuré un joli train de vie pour les années à venir.

« J’ai pris conscience de mes erreurs et je vais les corriger… J‘ai bien compris que mon train de vie serait diminué ». Il y a un an, devant les juges d’instruction qui le mettaient en examen suite aux acrobaties financières utilisées pour financer ses dépenses personnelles, Arnaud Lagardère faisait acte d’une étonnante contrition. Alors, vraiment fini la bamboche ? Rien n’est moins sûr. Notre enquête montre qu’après avoir cédé à Vincent Bolloré le contrôle de son empire, l’héritier, va encore pouvoir dépenser sans vraiment compter dans les années qui viennent.
Première explication de cette embellie : le fils de Jean-Luc Lagardère se retrouve aujourd’hui désendetté, comme il l’a expliqué au Figaro en août dernier : « Mon endettement est presque à zéro, et sera bientôt à zéro ». L’opération s’est déroulée en deux étapes. En 2020, il a remboursé les emprunts qu’il avait effectués à ses propres sociétés en faisant remonter 200 millions d’euros de dividendes, comme l’avait expliqué l’Informé. Puis, l’an dernier, il a vendu la quasi-totalité des 11 % qu’il détenait encore dans le groupe Lagardère, tombant à 0,4 % du capital. L’opération lui a rapporté 360 millions d’euros. En pratique, il a cédé ses actions 24,10 euros pièce à Vivendi, dans le cadre de l’OPA lancée il y a trois ans qui est toujours en cours. Même s’il avait bien juré qu’il ne le ferait jamais. Le 14 février 2022, interrogé sous serment au Sénat, il avait déclaré qu’il « n’apporterait pas » ses actions à l’OPA. Deux mois plus tard, lors de l’assemblée générale des actionnaires du conglomérat, il avait assuré : « Je vais rester actionnaire de ce groupe avec les 11 %, et si je peux, aller à 15 % ».
Une villa à Marbella pour 9 millions d’euros
Selon nos informations, au second semestre 2023, soit quelques mois seulement avant sa mise en examen, Arnaud Lagardère s’est offert une nouvelle maison sur les hauteurs de Marbella, la célèbre station balnéaire de la Costa del Sol, où son épouse Jade Foret poste régulièrement des photos de vacances. C’est d’ailleurs l’ancien mannequin belge qui gère la société immobilière ayant acquis le bien. La demeure se situe dans le domaine de la Zagaleta, une communauté fermée ultra-huppée. Montant de l’acquisition : 9 millions d’euros.
Pour mémoire, l’héritier avait déjà acheté en 2008 pour 19 millions de dollars une villa dans les Hamptons (États-Unis), dotée de huit chambres, neuf salles de bains, une piscine, un jacuzzi et un court de tennis. Cela s’ajoute à sa maison dans la villa Montmorency à Paris (racheté en 2006 pour 10,7 millions d’euros) et à son domaine dans la forêt de Rambouillet (acquis en 2004 pour 1,8 million).
Arnaud Lagardère a utilisé ce second magot de plusieurs façons. D’abord, il a pu rembourser un prêt de 162 millions d’euros octroyé par BNP Paribas, garanti par les actions dans le groupe Lagardère, comme l’avait expliqué l’Informé. Ensuite, il a versé 50 millions d’euros au fisc dans le cadre d’un protocole transactionnel, selon Libération. Enfin, Arnaud Lagardère a acheté 8,6 % de Louis Hachette Group, la holding qui détient désormais le groupe Lagardère. Grâce à cet investissement d’une centaine de millions d’euros, il a été nommé administrateur et vice-président lors de l’assemblée générale fin avril. Après ces dépenses, il reste donc à l’héritier encore une cinquantaine de millions d’euros pour continuer à faire la fête…

Et ce bas de laine devrait continuer de grossir grâce aux émoluments que vont lui verser ses sociétés. Ce printemps, Louis Hachette Group va lui distribuer 5 millions d’euros de dividendes au titre de l’exercice 2024. Surtout, sa rémunération de PDG du groupe Lagardère a bondi l’an passé. Certes, notre homme n’a rien touché en mai et juin 2024, où les juges l’ont brièvement interdit de gérer. Mais, son salaire fixe a été augmenté de 49 % à compter de l’exercice 2024, passant de 1,14 à 1,7 million d’euros bruts. À cela s’ajoute un bonus variable, qui peut aller jusqu’à un an et demi de salaire fixe, soit 2,55 millions d’euros. Ce dernier s’est élevé à 2,1 millions d’euros au titre de 2024, en hausse de 30 %. En outre, il s’est vu attribuer une prime exceptionnelle de 400 000 euros bruts en raison de la contribution qu’il a apportée à la scission de Vivendi, « par un dialogue constant avec les partenaires sociaux, une communication transparente avec les salariés, l’organisation de réunions sur le calendrier, et l’organisation de l’opération ». Au total, malgré deux mois de chômage forcé, sa rémunération au titre de l’an passé a atteint 4 millions d’euros, en hausse de 41 % par rapport à l’année précédente, où il avait travaillé à plein temps… Enfin, pour la première fois depuis qu’il a pris la tête du groupe en 2003, Arnaud Lagardère va toucher des actions gratuites indexées sur les performances. Leur montant ne pourra dépasser 850 000 euros par an.
Contactés, le groupe Lagardère et l’avocat d’Arnaud Lagardère Sébastien Schapira n’ont pas répondu.