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Continuer la lectureAprès Historia, Claude Perdriel va vendre L’Histoire à... SFA
Ce magazine dans lequel écrivent des figures intellectuelles de la gauche comme Michel Winock, Annette et Olivier Wieviorka ou encore Pap Ndiayen sera cédé à SFA, également contrôlé par l’homme d’affaires.

Après Historia, c’est au tour du magazine L’Histoire d’être cédé par les Éditions Croque Futur (également propriétaire de Challenges, de Sciences & Avenir et de la Recherche). Les élus de l’éditeur ont été convoqués à un comité extraordinaire ce jeudi après-midi à ce sujet a appris l’Informé. Créé en 1978, le mensuel L’Histoire compte dans son comité scientifique plusieurs figures de la gauche intellectuelle comme les historiens Michel Winock, Annette et Olivier Wieviorka, l’ancien ministre de l’éducation Pap Ndiaye et le romancier Pierre Assouline. On y trouve aussi Jean-Noël Jeanneney, ancien secrétaire d’État de François Mitterrand et ex-président de la Bibliothèque nationale de France.
Si Historia a déjà été cédé ce printemps au groupe de luxe LVMH (actionnaire à 40 % de Croque Futur), ce ne sera pas le cas de l’Histoire. Ce titre doit être vendu à SFA. Cette société spécialisée à l’origine dans la vente de sanibroyeurs a été fondée par Claude Perdriel, également actionnaire majoritaire de Croque Futur. « Claude Perdriel prend L’Histoire de sa poche gauche pour le mettre dans sa poche droite, indique Grégoire Pinson, rédacteur en chef adjoint de Challenges et élu SNJ. En fait, les équipes de ce titre craignaient de perdre leur indépendance en finissant un jour entre les mains de LVMH ».
Une crainte pas totalement infondée. Après avoir récupéré Historia ce printemps, le groupe de Bernard Arnault a nommé comme directeur éditorial l’écrivain Franck Ferrand, réputé conservateur et déjà chroniqueur pour CNews et Valeurs Actuelles. Son arrivée a suscité des départs au sein de la rédaction, notamment ceux d’Olivier Coquard et de Benjamin Brillaud. Ce dernier, suivi par 2,3 millions d’abonnés sur YouTube, a indiqué sur X soutenir « tous les historiens qui refusent la désinformation et la montée des réactionnaires. »

La cession de l’Histoire ne devrait pas susciter autant de remous. Selon l’ACPM, cette publication s’est écoulée à 52 354 exemplaires par mois en moyenne de juillet 2022 à juin 2023, un chiffre quasi stable sur un an. Sa vente doit être bouclée avant la fin de l’année. Le produit de cette cession, 2,5 millions d’euros, permettra d’éponger les pertes attendues par Croque Futur en 2023. « J’ai demandé l’accord de ma femme et des dirigeants de SFA pour réaliser cette opération car le groupe devra gérer l’avenir de ce titre, indique Claude Perdriel à l’Informé. Grâce à cet apport, nous aurons la trésorerie nécessaire cette année pour faire face à nos pertes et l’augmentation de capital de 5 millions d’euros prévue initialement cette année est reportée à 2024. LVMH m’a donné son accord pour y participer ».
Sur ces 5 millions, SFA devrait injecter 3 millions d’euros du total, tandis que LVMH apporterait 2 millions d’euros. Ce qui permettrait de maintenir à 60 %-40 % la répartition actuelle du capital. Les deux actionnaires avaient effectué le même apport en novembre 2022 lorsqu’il avait fallu renflouer les caisses de la société. En 2022, Croque Futur a perdu 5,5 millions d’euros, un montant en progression de plus de 50 % sur un an en raison, notamment, de l’envolée du coût du papier. Le chiffre d’affaires était de 40,3 millions d’euros en légère hausse de 1,8 %.
Claude Perdriel, âgé de 97 ans, met en ordre ses affaires. Ses journaux devraient rejoindre à long terme le pôle média de LVMH, déjà propriétaire du groupe les Échos-le Parisien et de Radio Classique. À l’exception de L’Histoire donc.
Le titre et le chapeau de cet article ont été actualisés le 25 octobre à 23h30 pour lever une ambiguïté sur la cession du magazine.