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Continuer la lectureIntelligence artificielle : Safran en pôle pour racheter Preligens
Créée en 2016, l’entreprise, jadis choyée par le ministère des armées et les médias, se retrouve aujourd’hui au pied du mur.

Le dossier Preligens avance. En difficulté financière, l’entreprise spécialisée dans l’analyse algorithmique du renseignement image – principalement satellitaire – cherche désormais un acquéreur. Selon nos informations, c’est Safran Electronics & Defense qui fait figure de candidat le plus sérieux au rachat. L’actuel PDG de Preligens, Jean-Yves Courtois, apparaît bien connecté pour un tel deal : il a revendu en 2022 son ancienne société Orolia à l’industriel, via le banquier américain Evercore aujourd’hui chargé de la vente de Preligens.
L’acquisition serait cohérente pour Safran. Le groupe envisageait déjà de combiner les algorithmes d’analyse d’images de Preligens avec sa boule optronique Euroflir 410. Embarquée sur ses drones tactiques Patroller, destinés à l’armée de terre, elle doit aussi équiper les futurs avions légers de surveillance et de reconnaissance (ALSR) de l’armée de l’air et de l’espace, selon Intelligence Online. Plus largement, cela permettrait à l’industriel d’intégrer davantage sa chaîne de valeur en matière de renseignement : actuellement fabricant de drones et de capteurs, il pourrait désormais fournir lui-même à ses clients étatiques les algorithmes traitant les données collectées par lesdits capteurs.

Mais l’allemand Helsing, spécialisé dans l’IA militaire embarquée, se montrerait également intéressé. Moins pour la technologie de Preligens que pour son méga marché Tornade, remporté fin 2022 auprès du ministère des armées. Un pactole théorique de 240 millions d’euros sur sept ans. « Helsing veut acheter le véhicule contractuel », analyse un acteur du secteur, bien que l’industriel démente fermement être candidat. En tant qu’opérateur étranger, il apparaît de toute façon moins bien positionné auprès des autorités françaises que Safran pour mettre la main sur une entreprise aussi stratégique.
Trop près du soleil
Preligens a actuellement plusieurs dossiers urgents à boucler. Dans le cadre de Tornade, il doit désormais intégrer sa technologie au sein de la plateforme de traitement de données en masse de la Direction du renseignement militaire (DRM), Artemis.IA, développée par Atos et Thales. L’entreprise discute également avec la marine nationale pour aider ses analystes en guerre acoustique (« oreilles d’or »). À l’étranger, elle demeure dans l’incertitude concernant le renouvellement de ses contrats notamment auprès des Forces japonaises d’autodéfense, de l’US Army et de l’OTAN.
Fondé en 2016 sous l’appellation Earthcube, soutenu par le ministère des armées et bénéficiant d’une couverture médiatique très enthousiaste, Preligens a connu une croissance très rapide mais sans trouver l’équilibre financier. Au grand dam de ses actionnaires Definvest, Tikehau Capital et 360 Capital, lesquels ont initié un processus de cession fin 2023, comme dévoilé par l’AGEFI.
C’est dans ce contexte que son PDG Jean-Yves Courtois, conseillé par le cabinet Olivier Wyman, a licencié au cours des derniers mois une vingtaine de ses 300 salariés, selon La Lettre. L’opération de la dernière chance ?
Contactés, Safran n’a pas souhaité commenter nos informations et Preligens n’a pas répondu à nos sollicitations.