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Continuer la lecture« Vendre ou ne pas vendre »… Suez s’interroge sur sa stratégie à l’étranger
Le groupe évalue ses options hors de France. Deux zones sont au cœur de sa réflexion : l’Italie et la Chine.

Après avoir entamé un grand chamboule-tout à la tête de l’entreprise en fin d’année dernière, Suez poursuit son brainstorming sur sa stratégie. Désormais doté d’un nouveau trio de tête, composé du président Thierry Déau et de deux directeurs généraux par intérim, Yves Rannou et Pierre Pauliac, le groupe spécialisé dans l’eau et les déchets continue de s’interroger sur son périmètre hors de France. Avec une question récurrente : faut-il vendre certains actifs et dans ce cas, lesquels. La piste était déjà en réflexion à l’époque de l’ancienne PDG, Sabrina Soussan, évincée en décembre. Au sein du conseil d’administration, les avis sont partagés. « Et comme aucun des trois actionnaires n’a la majorité [les fonds Meridiam et GIP-BlackRock détiennent chacun 39 % du capital et la Caisse des dépôts et consignations 19 %], il faudra dans tous les cas que ces décisions fassent consensus », rappelle un proche du groupe.
Si des actifs devaient être cédés, l’Italie semble en première ligne. Certes, le groupe vient tout juste d’y faire l’acquisition fin janvier de Gruppo Ecosistem, une entreprise indépendante spécialisée dans le traitement et la valorisation des déchets industriels (70 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, 400 salariés). Suez, qui réaffirme vouloir « accroître la part de ses activités internationales d’ici 2027 », en détient désormais les trois quarts du capital. « Cette acquisition est un développement naturel qui renforce la dynamique du groupe dans les déchets dangereux », analyse un proche du dossier.
Mais dans le même temps, la réflexion semble engagée sur la cession de ses parts dans Acea. L’opérateur transalpin, qui intervient dans la gestion de l’eau, la vente et la distribution d’énergie et le traitement des déchets, est détenu à 51 % par la ville de Rome et à 23,33 % par le groupe français, qui en est le deuxième actionnaire. « C’est une belle société cotée, qui sert du dividende. Mais c’est surtout une participation financière, sans réelles synergies industrielles avec Suez. S’en séparer aurait du sens », gage un fin connaisseur du groupe. Pour autant, la partie ne sera pas simple : ses relations avec ses coactionnaires ne sont pas au mieux et Acea étant une entreprise publique, le détricotage avec les autorités italiennes pourra prendre un peu de temps. Financièrement, une telle opération pourrait être intéressante pour le groupe : la participation de Suez dans Acea était valorisée 850 millions d’euros au cours de Bourse de ce vendredi 21 février.
L’affaire est plus complexe concernant les activités en Chine, dont la cession est régulièrement mise sur le tapis. « Suez évalue ses options », gage un banquier d’affaires. Mais le sujet est sensible à bien des points de vue en interne. Présent en Asie depuis plus de 70 ans - et en Chine depuis 50 ans - le groupe est solidement implanté sur le continent, via une multitude de joint-ventures et de partenariats avec des entreprises locales. Il y emploie 6 500 collaborateurs, notamment dans l’eau et l’assainissement. En 2023, le chiffre d’affaires dans la région était de 597 millions d’euros. « Ce sont des activités saines, opérationnelles et sur des marchés porteurs », analyse une source. La présence de Suez sur place est par ailleurs symbolique pour le groupe, diminué de moitié depuis l’OPA de son concurrent. « Ces actifs ont fait l’objet d’une rude bataille au moment du raid de Veolia, raconte une source interne. L’équipe de Bertrand Camus [le directeur général jusqu’en 2022] s’était battue bec et ongles pour conserver la Chine et l’Australie et laisser ainsi à Suez une dimension de groupe. Pour un actionnaire ayant une vision de long terme, céder ces actifs n’a pas de sens. Et cela pourrait aussi donner au marché l’impression que Suez continue de réduire sa taille », note un observateur.
Interrogé par l’Informé, Suez dit ne faire « aucun commentaire sur les rumeurs ».
