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Continuer la lectureTractebel, filiale d’Engie, veut fermer les deux tiers de ses implantations
Le plan de la direction suscite l’inquiétude des 5 500 salariés de la société d’ingénierie et de conseil de l’énergéticien.

Deux ans après le recentrage géographique opéré par Engie, c’est au tour de sa filiale Tractebel de revoir ses ambitions à l’étranger. Jusqu’ici épargné, le bureau d’études de l’énergéticien (5 500 salariés pour un chiffre d’affaires de 654 millions d’euros), présent dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et des infrastructures et du nucléaire va devoir engager une nette réduction de périmètre. Selon nos informations, le groupe dirigé par Catherine MacGregor prévoit de diviser par quatre le nombre de pays dans lesquels opèrent les ingénieurs de sa filiale, logée au sein de la business unit Energy Solution. Objectif : passer d’une centaine de lieux d’implantation dans le monde à une trentaine et engager la vente de certaines antennes. Amorcé en sous-main pendant l’été avant d’être dévoilé aux équipes , le projet a fait l’effet d’une bombe en interne : une journée de grève - une première dans l’histoire de l’entreprise - a été organisée le 15 octobre chez Tractebel Engineering France, suivie par 40 % des salariés. De quoi contraindre la direction à reprendre les discussions avec les partenaires sociaux. « La liste des pays cible pourrait être amendée », espère une source syndicale. Un processus d’information consultation doit « débuter dans les prochaines semaines », fait de son côté savoir l’entreprise en vue de travailler sur les « implications organisationnelles de ce recentrage ».
Depuis deux ans, quelques secousses laissaient pressentir la refonte de Tractebel, entré dans le giron de Suez à la fin des années 90 avant que le groupe ne fusionne avec Gaz de France pour devenir Engie. En 2022, l’adoption d’une organisation plus matricielle avait commencé à fragiliser les deux bastions géographiques du bureau d’études : la France, mais surtout la Belgique, vaisseau amiral avec 273 millions d’euros de chiffre d’affaires. La réunion des activités sous la bannière de trois « business areas » (BA) - nucléaire et défense, infrastructures et global power - aux dépens des entités géographiques avait donné le la. « Ce changement s’explique aussi par la perspective de l’arrêt du nucléaire en Belgique, longtemps vache à lait de l’activité là-bas, explique un spécialiste du secteur. En regroupant ses actifs nucléaires, Engie dilue l’impact des pertes à venir de l’autre côté de la frontière. » La restructuration a aussi permis au passage de rationaliser les activités support et de commencer à fermer quelques succursales…
Vente de la filiale allemande
Au printemps, le grand chambardement entamé par Engie a agité la gouvernance de la filiale. Pilier des activités belges de l’énergéticien, Philippe Van Troeye a été remplacé en avril par Anne Harvengt à la présidence du groupe. Tandis qu’un nouveau directeur général, Charles-Édouard Delpierre, a été nommé chez Tractebel Engineering France (118 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier).
En Allemagne, le sort de Tractebel Engineering Gmbh, constituée des actifs du groupe allemand Lahmeyer racheté en 2014, est, lui, en passe d’être définitivement réglé. Le patron Thomas Brandstätt a été poussé vers la sortie et remplacé en août par Mathias Heller, un ex-Roland Berger, chargé de vendre l’entité. Longtemps empêtrée dans des problèmes d’éthique, la filiale germanique présente dans une vingtaine de pays, du Kenya à l’Inde en passant par Abu Dhabi, a enchaîné les pertes. Et a contribué à plomber la « business area » global power, qui regroupe notamment les activités d’ingénierie hydraulique. C’est d’ailleurs dans cette BA que le repli géographique engagé devrait avoir le plus de conséquences. Une mauvaise nouvelle pour la filiale française de Tractebel, qui engrange quasiment la moitié de son chiffre d’affaires sur ce segment.