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Continuer la lectureFleuron de la traduction, Acolad France va réduire drastiquement ses effectifs
Dans un secteur bousculé par l’intelligence artificielle, la société devenue leader européen de son secteur va supprimer un tiers des postes de sa branche française.

Décliner une vidéo de 2 heures vers 11 langues en 5 jours pour un leader international de jeux vidéo ? Adapter son contenu à de nouveaux marchés à l’étranger ? Ou tout simplement traduire et retranscrire des documents ou réunions ? Rien de bien compliqué pour Acolad, Mais tout n’est pas rose pour cet acteur majeur de la prestation de services linguistiques B2B, qui selon nos informations prépare de très larges coupes dans ses effectifs. Un plan de départs massif est en cours de préparation chez Acolad France, avec la suppression annoncée de 83 postes pour un effectif de 262 personnes, essentiellement basé en Île-de-France. Soit un tiers des salariés qui sont amenés à quitter l’entreprise dans les mois qui viennent, dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective.
En interne, Acolad indique que le secteur de la traduction connaît « une mutation qui s’accélère notamment au travers de l’arrivée de l’intelligence artificielle », et que l’évolution des outils et procédés a « un impact majeur sur l’approche du métier », qui nécessite de proposer de nouveaux services. Et donc d’aller chercher des pistes d’économies, via par exemple la mise en place de services financiers centralisés pour plusieurs pays du groupe. Sur les 83 postes amenés à disparaître, la majorité concerne la production et gestion de projet (58 postes supprimés sur une centaine). La coupe est également drastique pour les personnes en charge de la traduction (14 postes supprimés sur 33), et les équipes comptables.

Plusieurs salariés, contactés par l’Informé, n’ont pas souhaité évoquer ce sujet. La direction de l’entreprise, qui a répondu à nos questions, a confirmé la mise en place d’une rupture conventionnelle collective s’inscrivant dans le cadre d’une réorganisation globale à l’échelle du groupe. Acolad « tient à préciser que cette réorganisation n’est pas liée à l’intelligence artificielle. Notre groupe, issu de l’intégration de nombreuses entreprises à l’international, est actuellement dans une phase de consolidation qui nous amène à revoir la structuration des activités en France ».
De petite PME française fondée par la famille du Fraysseix en 1995, Acolad a connu une progression régulière. Et elle est devenue un groupe international de poids dans le secteur de la traduction professionnelle via de nombreux rachats. Une dizaine de sociétés ont ainsi été absorbées entre 2011 et 2022 (dont ses concurrents Amplexor ou Ubiqus), période durant laquelle le chiffre d’affaires est passé de 10… à 330 millions d’euros. Bpi France avait ainsi mis l’entreprise en lumière en 2022, sous le titre flatteur d’entreprise familiale devenue leader mondial de la traduction. Aujourd’hui présent dans plus d’une vingtaine de pays avec 2 500 employés, le groupe a déployé sa « transformation opérationnelle » dans l’ensemble de ses implantations et digère les acquisitions, la France étant visiblement la dernière a faire cette bascule.