L'abonnement à l'Informé est à usage individuel
Un autre appareil utilise actuellement votre compte
Continuer la lectureDell sabre dans ses effectifs en France et mise sur l’intelligence artificielle
Le groupe informatique veut supprimer 323 postes, à Montpellier et dans le Val-d’Oise. L’IA pourrait assurer une partie de leurs missions.

Chez Dell, le grand chambardement est engagé. Le groupe informatique américain, fortement implanté à Montpellier, vient de finaliser une rupture conventionnelle collective (RCC) touchant 323 postes au maximum, soit plus de 17 % des effectifs, a appris l’Informé. « Un accord a été signé, confirme un porte-parole de la société. Il concerne les deux sites de Montpellier et de Bezons (Val-d’Oise) et porte uniquement sur des départs volontaires. Il n’y a aucun départ contraint dans ce cadre. » La Lettre M avait indiqué en octobre dernier qu’un plan était envisagé. La réorganisation est telle que l’entreprise, gérée par Anwar Dahab, va veiller « à ce que la réduction des effectifs n’entraîne pas une augmentation de la charge de travail pour les salariés », souligne la direction dans l’accord signé avec les syndicats. Et d’ajouter, « le respect de l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle et du droit à la déconnexion sera aussi rappelé à l’ensemble des managers. »
Désormais, Dell cherche à concentrer ses équipes sur la vente, le conseil et les partenariats et veut automatiser certaines tâches dans d’autres services. Quitte à casser certains tabous. « Dans le marketing ou les ressources humaines, la société va recourir davantage à l’intelligence artificielle et, ce à court terme » afin « de se concentrer sur les tâches les plus créatrices de valeur », précise le document. Concrètement, une centaine de postes dans ces deux métiers devraient être supprimés.
Les volontaires peuvent présenter leur candidature et sont assurés de toucher 1,7 mois de salaire par année d’ancienneté jusqu’à 13 ans (voire 1,9 mois pour les plus de 50 ans), puis entre 1,2 et 1,4 au-delà. La direction justifie cette rupture conventionnelle par un environnement économique compliqué. « La société rencontre depuis cinq trimestres consécutifs une décroissance de son chiffre d’affaires et de sa marge brute, note-t-elle. De multiples mesures ont déjà été prises (...), notamment, un gel des embauches depuis le deuxième trimestre 2022 et une réduction des budgets pour les déplacements et frais professionnels sur les trois derniers semestres. » Mais ces initiatives se sont avérées insuffisantes.
Il faut dire que, l’an dernier, le marché mondial du PC a enregistré une chute brutale de 13,9 % de ses volumes selon IDC : le nombre d’appareils vendus est passé de 301,5 millions d’unités à 259,5 millions sur un an. Dans ce contexte déjà difficile, Dell a, en plus, vu sa part de marché baisser de 16,5 % à 15,4 % en troisième position derrière HP et Lenovo. Face à cette mauvaise conjoncture, Jeff Clarke, vice-président de la multinationale, avait indiqué en février 2023 dans un billet de blog devoir se séparer de « certains membres de notre équipe (...). Il n’y a pas de décision plus difficile mais nous avons dû la prendre pour notre santé et notre succès à long terme. Sachez que nous soutiendrons les personnes touchées ».
Au total, 6 650 suppressions de postes avaient été annoncées soit 5 % des effectifs mondiaux. Mais depuis cette annonce, les performances du groupe se sont améliorées. Lors de l’annonce des résultats du dernier trimestre en février, Dell a affiché un chiffre d’affaires en retrait de 11 % à 22,3 milliards de dollars mais le bénéfice net était en hausse de 89 % à 1,158 milliard de dollars. « Notre forte dynamique de vente de serveurs optimisés pour l’intelligence artificielle se poursuit, a déclaré Jeff Clark. Le carnet de commandes a presque doublé.»