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Continuer la lectureCloud : Orange et Huawei mettent fin à leur offre commune
Associés depuis 2017, l’opérateur télécoms et l’équipementier chinois proposaient Flexible Engine. Un service destiné aux 200 plus grandes entreprises françaises qui avait suscité les inquiétudes de l’Élysée.

C’est la fin d’un partenariat de six ans. L’opérateur Orange a décidé de mettre un terme à ses relations avec le groupe chinois Huawei dans le cloud, a appris l’Informé. Le duo proposait une offre commune - Flexible Engine - depuis 2017 avec pour objectif de séduire les 200 plus grosses sociétés françaises. Ils ont notamment signé avec le fabricant automobile PSA (devenu Stellantis) pour stocker les datas de ses véhicules connectés, ou encore avec l’agence spatiale européenne.
L’arrêt de cette offre a été décidé dans le cadre de Lead the futur, le plan stratégique défini il y a un an pour relancer Orange Business, comprenant un plan social de 643 postes. Si les clients actuels peuvent encore bénéficier du service jusqu’à sa fermeture complète, plus aucun nouveau contrat n’est désormais conclu. « Un plan de fermeture sur environ 24 mois a été élaboré pour gérer au mieux la fermeture commerciale et technique, précise un porte-parole de l’opérateur, aujourd’hui dirigé par Christel Heydemann. Les équipes d’Orange Business sont mobilisées depuis plusieurs mois pour échanger avec l’ensemble des clients, définir leurs besoins et préparer la migration vers d’autres solutions. »
C’est un coup dur de plus pour Huawei et sa toute nouvelle filiale dédiée à l’informatique dans les nuages Sparkoo Technologies. En France, le groupe de Shenzhen ne pouvait déjà plus équiper ses clients SFR et Bouygues Telecom d’antennes mobiles 5G dans certaines zones géographiques en raison de risques d’espionnage ou de sabotage de la part de Pékin (Huawei a toujours contesté ces accusations). Chaque autorisation de déploiement est donnée au cas par cas par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), un service cyber rattaché au Premier Ministre. Face à cette difficulté, la société a décidé de parier sur l’essor de l’intelligence artificielle et le développement associé de ses offres cloud pour se refaire une santé. Après ce raté avec Orange, le groupe doit désormais, de son aveu même, se mettre « à la recherche de nouvelles opportunités d’affaires ».
Huawei paye-t-il, ici aussi, son origine chinoise et les soupçons associés ? Dès le départ Flexible Engine avait suscité des craintes au plus haut sommet de l’État. Le Canard Enchaîné rapportait même qu’une réunion s’était tenue à l’Élysée fin 2016 avec des représentants des services de renseignement intérieurs et extérieurs (DGSI et DGSE), du ministère de la défense et de l’économie au sujet de cette offre. Mais la réticence de l’État – premier actionnaire de l’opérateur de télécommunications avec 23 % du capital- n’avait pourtant pas empêché le groupe de continuer à vendre ce service.
Interrogé sur ce revirement, Orange évoque plutôt une simplification de son portefeuille. « Avec la montée en puissance de notre offre Cloud Avenue et le lancement des activités commerciales du cloud public Bleu, le marché que nous adressons ne justifiait pas de maintenir trois services en parallèle. Nous avons donc pris la décision de concentrer nos efforts », précise la société. Bleu, né d’une association avec Capgemini et d’un partenariat avec Microsoft, a lui aussi été critiqué pour s’appuyer sur des technologies américaines (Office365) tout en mettant en avant sa souveraineté technologique. Destiné aux collectivités territoriales, aux hôpitaux, mais aussi aux opérateurs d’importance vitale (des sociétés clefs dans les secteurs du transport, de l’énergie, de la défense, des télécoms…), le service doit encore obtenir la certification de l’Anssi, le cybergendarme de l’État, avant d’être lancé en fin d’année. Installée au Campus Cyber, dans la banlieue parisienne, l’entreprise cherche à recruter ses équipes. Elle fera face à deux autres initiatives souveraines : d’un côté Numspot, qui allie la Poste, Dassault Systèmes, la Banque des Territoires et Bouygues Telecom, de l’autre, S3NS, une coopération entre Thales et l’américain Google Cloud.