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Continuer la lectureAmazon Kuiper autorisé à déployer son Internet par satellites en France
La filiale du géant du commerce en ligne a obtenu le feu vert du gendarme des télécoms pour tester sa connexion à Internet depuis l’espace. Ce nouveau concurrent à Starlink d’Elon Musk recrute son équipe.

Les premiers tests en France vont pouvoir débuter pour Amazon Kuiper. Le service d’accès à Internet par satellite en orbite basse, filiale du géant du commerce en ligne, vient d’obtenir le feu vert, fin juin, du gendarme des télécoms, l’Arcep. « Les six autorisations concernent trois satellites reliés à deux stations terrestres », précise le régulateur tricolore. Désormais doté de fréquences dans l’Hexagone, l’Américain va pouvoir avancer sur son projet commercial : garantir un accès internet aux foyers, entreprises ou encore aux gouvernements soit installés dans des zones pas ou mal connectées soit pour des victimes de pannes de réseau touchées par des sinistres (tremblement de terre, inondation…).
L’entreprise indique à l’Informé se réjouir « d’avoir reçu l’autorisation (...) pour utiliser deux stations passerelles pour Kuiper en France, ce qui nous rapproche de notre objectif de contribuer à connecter les clients et les territoires à travers le pays. » Le groupe n’a pas souhaité donner l’emplacement de ses deux téléports mais dispose de nombreux terrains sur le territoire notamment grâce à l’implantation de ses entrepôts de livraison.
Annoncé il y a 5 ans maintenant, le projet Amazon Kuiper avait envoyé en octobre dernier les deux premiers appareils de sa future constellation qui sera composée de 3 236 satellites d’ici 2029. Une partie d’entre eux sera mise sur orbite par la future fusée Ariane 6 qui s’occupera de 18 lancements, chacun embarquant des grappes de satellites, grâce à un contrat signé entre Amazon et Arianespace en 2022. Le vol inaugural du successeur d’Ariane 5 doit intervenir le 9 juillet prochain après avoir enregistré un retard de quatre ans. Ensuite, Kuiper doit ouvrir son service en bêtatest à la fin de l’année avant un lancement officiel en 2025. « Notre initiative de satellite en orbite terrestre basse vise à fournir une connectivité haut débit aux 400 à 500 millions de foyers qui n’en disposent pas aujourd’hui (ainsi qu’aux gouvernements et aux entreprises recherchant une meilleure connectivité et de meilleures performances dans les zones plus reculées), a précisé Andy Jassy, le PDG d’Amazon dans sa récente lettre aux actionnaires. Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais nous sommes encouragés par nos progrès. »
D’ores et déjà, Amazon Kuiper France commence à se structurer et à recruter. Deux postes basés à Clichy ont été ouverts il y a quelques semaines, l’un concerne un ingénieur pour les systèmes au sol, l’autre un « responsable du lancement, de la montée en puissance et de l’exploitation du service haut débit résidentiel pour Frites [Acronyme de France, Italie et Espagne NDLR]. » Une responsable des affaires publiques a également été nommée en octobre dernier, Claire Scharwatt. Elle a occupé ce même poste au sein de la GSMA, l’association regroupant plus de 1 000 opérateurs mobiles et sociétés du secteur dans le monde entier.
Très en retard par rapport à son concurrent Starlink, filiale du lanceur de satellites SpaceX du milliardaire Elon Musk, Kuiper promet « de fournir un accès Internet rapide, fiable et abordable ». Pour l’heure, Amazon n’a pas encore communiqué ses tarifs. Mais ils devraient être plus bas que ceux affichés par Starlink aujourd’hui. Disponible en France depuis 2021, le service d’Elon Musk est proposé à partir de 40 euros par mois hors frais d’achat de l’antenne parabolique (à partir de 250 euros). Selon Bloomberg, SpaceX devrait réaliser un chiffre d’affaires d’environ 15 milliards de dollars cette année dont plus de 10 milliards de dollars pour Starlink. Et le groupe aurait même atteint l’équilibre en termes de cash-flow (c’est-à-dire que les rentrées d’argent couvrent les dépenses) depuis l’année dernière si l’on en croit l’excentrique entrepreneur qui l’a annoncé dans un tweet.
Retard sur les interceptions de sécurité pour les communications satellitaires
Problème à l’allumage pour les services de renseignement. Leurs missions leur imposent de pouvoir intercepter les échanges des communications satellitaires dans le cadre de menaces potentielles : atteinte à l’intégrité du territoire et la défense nationale, prévention de toute forme d’ingérence étrangère, prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisée. Or, « si l’existence des satellites n’est pas nouvelle, ces appareils sont désormais des milliers à tourner autour de la terre, gérés par de nouveaux opérateurs qui, pour l’essentiel, ne sont pas français ni même européens. Cela pose tout d’abord des difficultés structurelles, notamment lorsque ces opérateurs n’ont pas de prise sur le territoire national », indiquait en mai 2023 l’ancien directeur technique de la DGSE, Patrick Pailloux, devant la délégation parlementaire au renseignement. Afin de répondre à cette difficulté, « un dispositif de captation de proximité, sans faire appel au concours préalable des opérateurs », a été mis en place. Mais ce dispositif expérimental, autorisé jusqu’au 31 juillet 2025, n’a jamais pu être utilisé. Selon la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), « en l’absence de fixation du nombre maximal des autorisations d’interception par voie satellitaire pouvant être accordées simultanément, cette technique n’a pas été mise en œuvre en 2023. Elle devrait l’être en 2024 » peut-on lire dans le rapport annuel de la commission.