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Continuer la lecturePerquisitions du parquet national financier au sein du groupe Avec et chez Bernard Bensaid
Plusieurs entités du groupe de santé et le domicile de son fondateur ont reçu la visite de la police judiciaire. Parallèlement, le Parquet de Grenoble doit rendre son ordonnance suite à une plainte pour « prise illégale d’intérêt » et « détournements de fonds publics » contre l’entreprise et son patron.


Rien ne va plus pour le petit empire Avec et son fondateur Bernard Bensaid. En vingt ans, cet entrepreneur iconoclaste a empilé une centaine de structures, souvent reprises à la barre du tribunal, pour constituer un ensemble de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires pour plus de 11 000 salariés à fin 2023, présent aussi bien dans la santé, les maisons de retraite que le tourisme. Mais depuis le début d’année, comme nous l’avons raconté, les déboires s’amoncellent, avec diverses mises en redressement judiciaire et accusations. Cette fois, des perquisitions, confirmées de source judiciaire, ont été menées jeudi 10 octobre sur plusieurs sites abritant les sièges d’entités du groupe. Selon nos informations, elles ont eu lieu dans des bureaux franciliens et au domicile parisien de Bernard Bensaid. Des opérations qui interviennent dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en septembre 2023 pour des chefs de « détournement de fonds publics par une personne en charge d’une mission de service public » et « prise illégale d’intérêt ». Elles font suite à une plainte déposée par une organisation syndicale de personnels de la clinique Bonneveine à Marseille. « Les bras m’en tombent », réagit Bernard Bensaid auprès de L’Informé. « Ce sont toujours les mêmes histoires sans queue ni tête : nous aurions touché des fonds publics pour des services réalisés dans des établissements de santé. Lorsqu’un prestataire facture un établissement de santé, ce n’est pas de l’argent public ! »
En ce début de semaine, de nouvelles auditions ont eu lieu à Grenoble, où le groupe Avec et son fondateur Bernard Bensaïd sont poursuivis pour des faits similaires, suite à une autre plainte, déposée dès juin 2022 par les syndicats FO et CGT du Groupement Hospitalier Mutualiste de Grenoble. L’instruction de cette plainte avait abouti le 13 janvier 2023 à la mise en examen du groupe et de son fondateur. Le dossier d’instruction sur ce volet local est désormais clos, a appris L’Informé de sources concordantes. Celui-ci est ainsi en règlement au parquet de Grenoble, qui doit rendre son ordonnance dans les prochains mois.
Une troisième plainte, de la même nature, déposée en avril 2024 par les personnels de la clinique d’Ollioules (Var), est en cours d’instruction. À chaque fois, les plaintes mettent en cause les flux financiers remontant des établissements vers des entités faîtières du groupe. Comme pour Marseille, le dossier varois a été transféré au parquet national financier (PNF) qui a déjà commencé les auditions – pour des raisons de délai d’instruction, Grenoble avait poursuivi son enquête déjà largement entamée lors de la saisine du PNF.
Du côté des procédures collectives, les dossiers s’accumulent également. Mardi 15 octobre, les représentantes du personnel des services à domicile et des EHPAD ont décidé laquelle d’entre elles irait au tribunal mardi 22 octobre pour une nouvelle audience à Metz. La plupart des structures gestionnaires de ces activités (AMAPA dans toute la France et spécialement en Moselle, ASDAPA dans l’Oise, CEKB en Bretagne) sont déjà en redressement judiciaire. C’est désormais le tour de l’Association Senior Temps Libre (ASTL), qui tenait un rôle de caisse de centralisation de flux financiers pour toute la branche AMAPA. Cette structure, une association de droit mosellan, relève comme l’AMAPA du tribunal judiciaire de Metz. L’ASTL est un rouage important dans la mécanique du groupe car elle encaissait des flux financiers et détenait des créances importantes sur d’autres entités de la galaxie. « Nous nous sommes mis sous la protection du tribunal en faisant la déclaration de cessation de paiement », indique Bernard Bensaid. « Ce sont les administrateurs de l’Amapa qui ont demandé le remboursement des prêts intra-association que centralisait l’ASTL. Cela correspond à une somme de 4 millions environ, que nous n’avons pas en trésorerie actuellement, mais je ne suis pas inquiet car il y a des actifs importants qui pourront être vendus si besoin. »
D’autres branches d’activités suivent le même chemin, comme les thermes de la ville de Plombières, dans les Vosges. Ceux-ci, repris à la barre du tribunal il y a presque quinze ans, ont été longtemps à l’arrêt et fonctionnent depuis au ralenti. Suite à une assignation de l’Urssaf, le tribunal de commerce de Paris a transféré le dossier au tribunal de commerce Bobigny, qui gère déjà de multiples procédures sur des entités du groupe Avec. Bobigny a placé en redressement judiciaire pour six mois la Nouvelle Société des Résidences Napoléon (NSRN), qui gère les résidences de tourisme et hôtels accueillant les curistes. Toujours à la demande de l’Urssaf, une autre audience s’est tenue ce 16 octobre au tribunal à Paris pour la Nouvelle Compagnie Thermale de Plombières-les-Bains, qui gère les établissements thermaux eux-mêmes. D’après Bernard Bensaid, le dossier a été renvoyé directement au tribunal de Bobigny. La ville de Plombières a elle aussi engagé une procédure pour obtenir le paiement des dettes liées à la location des sources thermales et à la taxe d’assainissement. Là encore, le PDG estime avoir « fait le job » : « Nous avons injecté près de 12 millions d’euros depuis 2010 et cela fait des années qu’on alerte : j’appelle encore une fois le département, la région et l’État à se mettre autour de la table pour trouver une solution, lance l’homme d’affaires. Ce sont 5 000 personnes qui vivent de manière directe ou indirecte de ces thermes. »