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Continuer la lecturePourquoi le média d’investigation Blast a frôlé la catastrophe
Menacé par une société de production homonyme, le jeune média indépendant a bien failli devoir renoncer à son nom. Il vient de payer cher le droit de le conserver.

Fondé en janvier 2021 par le journaliste Denis Robert, le média indépendant Blast le souffle de l’info, n’est pas passé loin de devoir changer complètement d’identité. En effet, le jeune site d’information, qui a notamment propulsé la journaliste Salomé Saqué et publié plusieurs scoops sur Marc Ferracci ou Bernard-Henri Lévy, n’avait pas été le premier à songer à s’appeler « Blast ». Une petite boîte de production homonyme, immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Paris depuis 2011, avait déjà déposé la marque en août 2015. Choisir ce nom, en dépit de leurs activités dissemblables, porte-t-il atteinte à la plus ancienne des deux sociétés ? L’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) puis la cour d’appel ont tous deux tranché en ce sens.
Le premier litige remonte à février 2021 lorsque Blast Production (la société la plus ancienne) s’oppose partiellement à l’enregistrement de la marque Blast le souffle de l’info. Elle estime que l’organe de presse marche sur ses platebandes dans plusieurs domaines, notamment la publicité, les télécommunications (émissions télévisées etc.) et les activités culturelles (montage vidéo, divertissement…). Objection appuyée par le directeur général de l’INPI, Pascal Faure, dans une décision rendue le 17 janvier 2022 qui reconnaît qu’il existe un risque de confusion sur l’origine des marques. Mais « modifier le nom et le logo d’un média indépendant seulement un an après son lancement, revenait à se tirer une balle dans le pied », explique à l’Informé le fier papa du projet, Denis Robert. Ce dernier choisit donc de faire appel de cette décision un mois plus tard.
Cette procédure traînant en longueur, la société de production dirigée par Amiel Tenenbaum assigne en juin 2022 le pure player au tribunal judiciaire de Paris afin d’obtenir plus rapidement l’interdiction d’utiliser ce nom. Avec succès : le juge des référés ordonne au site d’actu de procéder au retrait de sa marque dans les trois mois sous astreinte de 200 euros par infraction et par jour de retard passé ce délai. Dans cette procédure comme dans l’autre, la cour d’appel de Paris donne définitivement raison au producteur courant 2023.
Denis Robert n’a dès lors plus trop le choix. Alors que l’image de son site est déjà entachée par un article d’Arrêt sur image relatant des faits de harcèlement en interne, il tente de trouver un accord à l’amiable avec la société de production. « Nous étions à la merci de devoir tout recommencer, donc nous n’avons pas eu le choix d’entrer en négociation », explique Denis Robert.
Après des mois de pourparlers, les deux sociétés sont parvenues à un accord début septembre. Selon nos informations, Blast le souffle de l’info devrait offrir à son adversaire une somme totale avoisinant 75 000 euros pour se maintenir en l’état. Plus de la moitié a été versée au moment de la signature de la convention, le reste du paiement est prévu d’ici la fin de l’année. Ce compromis permettra donc au jeune média, qui revendique 23.000 abonnés payants, de poursuivre son développement, par le lancement d’une application par exemple. « Si cette dépense est inopinée et se répercutera nécessairement sur le fonctionnement du média, c’est aussi un soulagement de poursuivre sans cette chape de plomb au-dessus de nos têtes » relativise Denis Robert. Contactée, l’avocate de la société Blast Production n’a pas souhaité répondre.