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Continuer la lectureDaniel Schneidermann convoqué par la direction de Libé pour un avertissement
Le chroniqueur avait publié un tweet sur un collaborateur du quotidien, très mal passé au sein de la rédaction.

« Médiatiques » : c’est le nom de la chronique hebdomadaire tenue par Daniel Schneidermann dans Libération depuis 2003. Le journaliste y décrypte tour à tour le traitement journalistique du procès de Mazan, les ambitions de Rodolphe Saadé dans les médias ou encore le succès de la série La Fièvre diffusée sur Canal Plus. Ces derniers mois, le fondateur d’Arrêt sur Images a consacré nombre de ses focus au conflit israélo-palestinien et aux passions médiatiques qu’il déchaîne, sujet aussi largement traité sur son compte X (ex-Twitter). Mais le 4 octobre dernier, l’une de ses prises de position en ligne a défrayé la chronique au sein du quotidien.
Ce jour-là, Schneidermann repartage un duplex tenu sur LCI par Arthur Sarradin, journaliste correspondant au Liban et collaborateur régulier de Libération, pendant lequel des bombardements israéliens se font entendre. Sur le réseau social, le chroniqueur met en exergue une phrase que le jeune reporter lâche alors que les explosions se multiplient : « Je suis désolé, on les entend vraiment beaucoup ce soir… ». Si Schneidermann n’en dit pas plus sur sa pensée, certains twittos y voient vite une critique à peine voilée du correspondant. Pour l’un, le chroniqueur veut dire que Sarradin s’excuse « qu’Israël massacre et bombarde de manière aussi bruyante et visible ». Une interprétation qui pousse le spécialiste des médias à clarifier son propos dans une nouvelle publication : « Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire, en sortant cette phrase du reportage. Je ne me permettrais pas une interprétation aussi fermée, d’une phrase qui échappe à un reporter dans un direct aussi épouvantable. »


Quoi qu’il en soit, l’affaire a fait bondir plusieurs journalistes à Libération : « C’est une immense indélicatesse de sa part, glisse l’un d’eux à l’Informé, certains n’étaient pas contents du tout, notamment au service international. La Société des journalistes et du personnel de Libé (SJPL) a été sollicitée, et le sujet a été abordé en comité de rédaction lundi 7 octobre. » Lors de ce comité, la SJPL a redit son soutien au journaliste concerné, et rappelé qu’une « exigence de confraternité » était nécessaire pour travailler de manière sereine. Fin de l’histoire ? Pas exactement. Selon nos informations, l’affaire ne s’est pas arrêtée là : Daniel Schneidermann est convoqué ce jeudi 17 octobre par la direction pour lui signifier un avertissement.
Selon plusieurs observateurs, l’affaire intervient dans un contexte de tension plus globale : « Depuis le 7 octobre, le journal est très divisé sur le conflit israélo-palestinien, explique un journaliste. Une partie de la rédaction, notamment Daniel Schneidermann, est sur une ligne propalestinienne. Une autre partie de la rédaction est sur une ligne pro-israélienne. Les chroniques de Schneidermann, qui choisit librement ses sujets, énervent donc bien les pro-israéliens. » « Ce n’est pas la première fois qu’il agace, juge une autre plume. Il fait partie des gens qui créent toujours des débats, et la réaction face à ce tweet est l’expression d’une usure dans la rédaction, avec des gens qui sautent sur l’occasion pour lui faire ce rappel à l’ordre. ». Une thèse rejetée par un cadre de Libé, qui assure que « ce ne sont pas les tweets généraux de Schneidermann qui sont mis en cause, mais un tweet très précis qui a causé un certain émoi dans la rédaction ».
Contacté, Daniel Schneidermann n’a pas souhaité s’exprimer dans cet article, à l’instar de la direction et de la SJPL de Libération.
Bombardements : "Je suis désolé, on les entend vraiment beaucoup ce soir..." https://t.co/vRi3VAnWqp
— Daniel Schneidermann (@d_schneidermann) October 4, 2024
Bonjour, ce n'est pas du tout ce que je voulais dire, en sortant cette phrase du reportage. Je ne me permettrais pas une interprétation aussi fermée, d'une phrase qui échappe à un reporter dans un direct aussi épouvantable. https://t.co/ws4pjNN24k
— Daniel Schneidermann (@d_schneidermann) October 4, 2024