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Continuer la lecturePierre Ménès fait condamner EA Sports qui l’avait viré du jeu FIFA
Le commentateur sportif poursuivait l’entreprise pour avoir rompu trop brutalement les contrats qui les liaient. Il vient d’obtenir gain de cause auprès du tribunal de commerce de Lyon.

1-0 pour Pierre Ménès. Le journaliste sportif vient tout juste de remporter une bataille judiciaire contre la filiale française de l’éditeur du jeu Fifa, Electronic Arts Publishing (EAP). Le jeu vidéo de simulation footballistique, extrêmement populaire, s’est vendu à 1,75 million d’exemplaires dans l’Hexagone en 2022. Véritable manne financière, il a un temps été aussi très lucratif pour Ménès. C’est à partir de 2016 que le chroniqueur sportif en devient l’ambassadeur et commence à prêter sa voix aux commentaires de la version française du jeu. Montant des rétributions pour ses prestations : 100 000 euros par an.
EA Sports est visiblement ravi de la collaboration puisque le chroniqueur star du Canal Football Club rempile chaque année. Jusqu’en 2021 où des révélations ternissent gravement son image. En mars, le documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste de Marie Portolano est diffusé sur Canal+. La pro y dénonce le sexisme qui règne dans le milieu de la télévision et du sport. Quelques jours après, Les Jours révèlent qu’un extrait du programme mettant directement en cause Pierre Ménès a été caviardé par la chaîne.
Dans la séquence, la réalisatrice du documentaire accuse Ménès d’avoir soulevé sa jupe et de lui avoir touché les fesses devant le public de l’émission du Canal Football Club. Un autre passage, celui-ci diffusé pour le coup, le montre embrassant de force la journaliste Isabelle Moreau. Des faits ainsi que d’autres pouvant relever du harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles lors de son règne à Canal+ pour lesquels le parquet de Nanterre a ouvert en janvier 2022 une enquête préliminaire.
Mais avant cela, dès le 24 mars 2021, au lendemain de la diffusion du documentaire sur Canal+, EA France indique dans un tweet suivre « attentivement les faits préoccupants reprochés à Pierre Ménès » et examiner « activement la suite de sa relation avec EA SPORTS ». Le lendemain, le couperet tombe : l’entreprise annonce mettre fin à sa relation commerciale avec Ménès, indiquant qu’il est « très important pour [elle] que le comportement de [ses] athlètes et de [ses] partenaires soient en accord avec les valeurs d’EA SPORTS FIFA ».
Dépité, Ménès décide de porter l’affaire devant les tribunaux. Il dépose plainte contre l’éditeur pour obtenir réparation du préjudice financier découlant de la rupture de ses contrats. Le chroniqueur estime que certains des faits dénoncés dans le documentaire étaient déjà connus lors de la conclusion de ces deals et que EA Sports ne s’en était pas ému jusqu’ici. En effet, le baiser imposé à Isabelle Moreau avait été diffusé en direct sur Canal+ en 2011. Représenté par Me Emmanuelle Haziza et Me Nicolas Rebbot, Ménès s’attaque également à l’argumentaire portant sur les valeurs défendues par l’entreprise, qui continue à utiliser les personnages de joueurs qui « font ou ont pu faire l’objet d’accusations, de procédures judiciaires pénales, voire de condamnation pour des faits de viol, chantage, fraude fiscale… et ont toujours eu leur avatar au sein du jeu ».

Au total, l’animateur demandait près de 200 000 euros de préjudice matériel pour ses contrats de doublage voix et d’image mais aussi 100 000 euros de préjudice moral. De son côté, la société EAP, défendue par Me Flore Foyatier et Me Alexandre Rudoni, demandait que Ménès et sa société soient déboutés de leurs prétentions, et leur réclamait 50 000 euros de frais de justice.
Finalement, sans satisfaire à toutes les demandes de l’animateur, le tribunal de commerce de Lyon a visiblement été sensible à ses arguments. Le 15 janvier dernier, il a considéré que l’entreprise avait en effet rompu brutalement ses relations commerciales avec le commentateur ainsi qu’avec sa société, PME PMI. Estimant que l’éditeur de Fifa aurait dû respecter un préavis de 6 mois avant de congédier le chroniqueur, le tribunal a condamné EA Sports à verser à Ménès près de 75 000 euros au titre de ses préjudices matériels et économiques et de ceux de son entreprise, ainsi que 10 000 euros de frais de procédure. L’ancienne figure de Canal+ n’a en revanche pas obtenu gain de cause quant aux 100 000 euros réclamés pour le préjudice moral et d’image qu’elle estimait avoir subi.
Pour rappel, Ménès a également déposé plainte contre les actes de cyberharcèlement qu’auraient déclenché selon lui les tweets d’EA Sports. Le dossier n’a pas encore été jugé.
Pierre Ménès n’a pas souhaité commenter l’affaire pour le moment auprès de l’Informé. Les avocats d’EAP n’avaient pas répondu à nos sollicitations à la publication de l’article.